La presse en parle : "Chirurgie de l’obésité"

extrait de “La Provence” du 29-03-2018
La chirurgie de l’obésité grande spécialité de l’hôpital de Salon[print-me]

Un pôle dédié et une équipe pluridisciplinaire permettent une prise en charge spécifique de ces patients.
Depuis plusieurs années, Gabriel enchaînait les efforts. Difficile, pour lui, de pouvoir pratiquer une activité physique, ou de simplement marcher sur de longues distances. Il faut dire que Gabriel cumule les handicaps. Diabétique, il souffre d’une tension un peu haute, mais, surtout, de son surpoids. Son indice de masse corporelle (le rapport entre la taille et le poids) dépasse les 40, soit le seuil de l’obésité dite “morbide”. Son mode de vie est la cause de tous ses maux: un nombre de calories ingérées énorme, de multiples repas, de l’alimentation toute prête, des burgers, du soda…
S’il continue, son espérance de vie s’en trouvera considérablement diminuée. Aussi, il y a quelques semaines, il a eu un déclic. “J’ai décidé’ de me prendre en main et de consulter pour me faire aider à perdre du poids.” Il a donc franchi les portes du centre hospitalier de Salon pour venir consulter le centre de l`obésité. Avec l’espoir d’être pris en charge pour y changer de vie. ” Tous les patients atteints d’obésité’ ne seront pas opérés à coup sûr, tempère pourtant le Dr Marina Baccou, médecin nutritionniste au centre hospitalier. Si l’on passe le seuil de notre porte, ce n’est pas pour une question de physique et de quelques kilos de trop. On parle aussi de troubles sévères et certains patients développent des pathologies associées qui ne nous permettront pas de les opérer.” C’est la raison pour laquelle, entre autres, les procédures de mise en œuvre de la chirurgie de l’obésité (dite chirurgie bariatrique) sont particulièrement longues à se mettre en place. Lorsque le patient fait la démarche d’intégrer le service soit volontairement, soit parce qu’il est adressé par un autre praticien – il est pris en charge par une équipe pluridisciplinaire qui va se pencher sur son cas. ” Ces patients sont convoqués à une réunion d’information où l’équipe leur expliquera le parcours qui les attend, poursuit le docteur Baccou. Avec du recul, on s’est rendu compte que beaucoup de de ces personnes voient davantage la dangerosité de l’acte chirurgical mais ne se rendent pas compte de la dangerosité de leur obésité. Or, en étant obèse, l’espérance de vie diminue comme augmente la possibilité de développer des pathologies qui y sont associées. “Le risque cardio-vasculaire est de ceux-là, tout comme le diabète (sachant que les diabétiques ne sont pas forcément obèses et que tous les obèses ne sont pas forcément diabétiques), l’hypertension artérielle, les apnées du sommeil, etc.
L`importance d’un bilan exhaustif – souvent sous la forme d’une hospitalisation de deux jours – est donc capitale. Puis, vient le temps de la rééducation alimentaire.

BILAN COMPLET Dans le cadre du parcours de soins et de la prise en charge de l’obésité, le patient va devoir réaliser un bilan complet de santé. Ce bilan est ichtyologique (carences en vitamines, diabète…), hormonal et cardiaque. Sont également réalisées: une échographie du foie et une fibroscopie qui permettra de vérifier l’estomac (notamment l’absence d’ulcères, contre-indiqués pour l’opération). Le patient consultera un diététicien, un psychologue et un orthésiste pour la mise en place d’une ceinture de maintien abdominal post-opératoire.

“On réapprend à ces patients à manger de façon équilibrée, poursuit Marina Baccou. Un médecin diététicien les reçoit et réintroduit dans leur alimentation des légumes par exemple, leur demande de limiter leur quantité d’aliments absorbés et, également, de prendre le temps- une vingtaine de minutes – de manger. Cette rééducation va permettre de préparer le patient à la phase post-opératoire ou, du fait de l’acte chirurgical, il devra réduire considérablement sa façon de manger.”
En moyenne, entre la première réunion et l’opération, six mois vont s’écouler. Soit un délai nécessaire pour que le patient réalise et prenne conscience à la fois de son état de santé mais aussi des efforts qu`une telle opération demande.
Le patient doit, également, garder à l’esprit que l’opération seule ne vaut pas grand-chose s’il ne fait pas les efforts nécessaires pour s’en sortir. ” Chez beaucoup, l’alimentation est un refuge, un réconfort lorsque l’on ne va pas bien, conclut le médecin. L’alimentation peut être une addiction. Ce n’est pas parce que l’on est opéré que l’on va perdre définitivement du poids.” Car la logique du corps humain est implacable. En cas de relâchement, le corps va s’adapter et le patient pourra alors regrossir. D’où l`intérêt d`être suivi sur le long cours, voire toute sa vie.
Une contrainte qui, malheureusement, va décourager beaucoup de patients opérés.
“L’opération n’est pas une baguette magique”
En moyenne, une opération liée à l’obésité dure 1 h 30 à 2 heures. Au bloc opératoire, c’est le docteur Mohammed-el Amine Bouayed qui, depuis 2011, a repris ce service spécialisé de chirurgie viscérale. Le bloc est équipé d’une table capable de supporter 250 kg de poids du patient – le patient le plus obèse opéré à ce jour à Salon a pesé 210 kg (pour une IMC de 65) mais aussi de lits spécifiques pour les patients hors normes. Trois techniques sont proposées. “L’anneau gastrique est le moins utilisé, avec 5% des cas environ, explique le chirurgien”. Chez le patients hyperphages ( c’est-à-dire qui avalent de grandes quantités d’aliments en peu de temps), on utilise davantage (65%) la sleeve, qui est une coupe de l’estomac qui va permettre la sensation de satiété et de permettre au patient de moins manger. Enfin la troisième technique opératoire est le by-pass (30% des cas) pour les patients qui passent leur temps à grignoter. On crée une néo-poche qui va éviter le pancréas et le duodénum”. Ces techniques, si elles sont efficaces, sont réversibles. “25% des patients reprennent du poids après l’opération qui ne marche pas à 100 % », ajoute le chirurgien qui va dans le sens des propos du docteur Baccou : « L’opération n’est pas une baguette magique ».
Stéphane ROSSI

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